Historique

Aucun historique ne saurait rendre pleinement justice à tous ceux et celles qui ont milité dans ses rangs. Il nous est malheureusement impossible d’en publier la liste complète, car notre histoire, c’est aussi celle de tous ces infatigables ouvriers et ouvrières de la première heure.

Canadiens de naissance ou originaires de la France, de la Grande Bretagne, de l’Irlande, de l’Italie, du Portugal, de la Grèce, de l’Ukraine, de l’Indochine ou des Caraïbes, ils ont tous contribué avec la grande diversité de leur patrimoine culturel et religieux à former ce que nous sommes aujourd’hui.

Cette histoire nous donne une leçon de persévérance.

Tous ces travailleurs et travailleuses qui depuis un siècle se battent pour plus de respect, plus d’équité, n’ont pas peiné en vain. Plusieurs générations d’hommes et de femmes qui les suivent ont bénéficié de leur lutte et de leurs sacrifices.

L’acquisition de conditions de travail décentes par la réduction du temps de travail, la protection de la santé et de la sécurité sont des conséquences directes de leur combat. L’amélioration de la qualité de vie du peuple entier résulte aussi en partie de leur action : l’assurance-chômage, le système d’éducation, l’accès universel aux soins de santé sont autant de grandes revendications traditionnelles du mouvement syndical.

Lorsque nous nous remémorons les conditions dans lesquelles vivaient les travailleurs et les travailleuses à la fin du siècle dernier ainsi que le travail des enfants, nous éprouvons une grande admiration pour les pionniers du syndicalisme.

Cette même persévérance dont nous avons hérité, demeure pour nous, le gage d’un avenir meilleur.

L’Union des employés et employées de service, section locale 800 est une association de personnes salariées qui regroupe quelque 20,000 membres travaillant dans différents secteurs d’activités répartis à travers toute la province de Québec. Elle a comme racine le besoin des travailleurs et travailleuses de se regrouper afin de créer des solidarités, d’augmenter leur rapport de force, d’être représentés collectivement ainsi que de bénéficier de divers services techniques. L’organisation en syndicat national ou international est le moyen que nous avons pour établir des liens avec les autres travailleurs et travailleuses de nos secteurs d’activités.

L’Union internationale des employés de service (UIES)

L’UIES est un syndicat de 2.5 millions de membres répartis dans des sections locales aux États Unis, au Québec et dans le reste du Canada ainsi qu’à Porto Rico. C’est le premier syndicat en importance en Amérique du Nord. L’UES 800 est une section locale de l’Union internationale des employés de service.

Pourquoi une Union internationale?

Dans l’univers du syndicalisme, il existe ce que l’on appelle une “juridiction”, c’est-à-dire que chacun des syndicats est très présent et représentatif d’un secteur d’activités. Aujourd’hui les syndicats, question de survie, sont sortis quelque peu de leur “juridiction” mais restent fondamentalement rattachés à leur secteur d’activités en offrant à tous ses membres les mêmes services.

L’UIES est présente dans le secteur des services, initialement dans les édifices publics puis dans les services de santé et finalement dans tous les genres de services et dans les autres industries. C’est avec cette présence dans le secteur des services que l’UIES réussit à accroître sa force et par le fait même que nous nous unissons à elle.

L’histoire de l’UES 800 est étroitement liée à celle de l’ensemble du mouvement syndical québécois, canadien et américain, bien que certaines idées se confrontaient, les buts étaient les mêmes. L’Union internationale des employés et employées de service d’édifice (UIESE) fût fondée à Chicago en 1921. Elle regroupait 3,000 membres. Au début des années 40 une première section locale vit le jour à Montréal mais elle ne résista qu’une dizaine d’années. Puis lentement mais sûrement l’UIESE se développa au Canada.

L’histoire de l’UES débute comme telle en avril 1946 lorsque douze opérateurs d’ascenseurs dans un édifice de Montréal obtiennent une charte de l’UIESE, résultant en la naissance de la section locale 298. Au mois d’octobre 1947 un groupe d’employés de l’Hôpital St-Luc vient se joindre à eux. Dans les années qui suivirent, la section locale 298 syndiqua certains grands hôpitaux de Montréal. Par la suite se sont des employés d’entretien d’édifices publics qui ont rejoint les rangs de la section locale 298.

Au cours des années 50, la section locale 298 fût mise en tutelle par l’UIESE à cause de problèmes financiers et du peu de membres. En 1960, elle fût dégagée de cette tutelle et ratifia sa nouvelle constitution.

En 1962, Armand Jolicoeur qui agissait à titre de représentant syndical fût élu président de la section locale 298. Afin de permettre à la section locale de prendre un second souffle, il constitua une équipe composée de l’organisateur Roger St-Marseille, des représentants syndicaux Georges Saint-Amour, Aimé Gohier et Ange-Albert Pelletier ainsi que d’un avocat, Me Louis Duval. Jusqu’en 1967, grâce à cette équipe, le nombre de membres augmentait de plus de 5,000, dont quelque 1,500 dans douze hôpitaux différents qui étaient régis par une même convention collective.

Vers la fin des années 60, Armand Jolicoeur devient le premier représentant québécois au conseil exécutif de l’UIESE. Dans les mêmes années, il se produisit un certain nombre de bouleversements au Québec dans les services sociaux, menant à la création de l’assurance hospitalisation et par la suite l’assurance maladie du Québec. L’administration de ces programmes par le gouvernement aida grandement à la syndicalisation des employés de ce secteur et par le fait même à la section locale 298.

En raison de l’expansion du secteur de la santé et du secteur public, lors de son congrès de 1968 l’UIESE modifia sa désignation officielle, soit en retirant le mot “édifice” pour devenir l’Union internationale des employés et employées de service.

Les nombreux gestes problématiques que posaient les entrepreneurs d’entretien d’édifices publics (mouvement de personnel, congédiement pour activités syndicales, révocation de contrats, etc.) amenèrent la section locale 298 à convaincre le gouvernement du Québec de recourir à la Loi sur les décrets pour cette industrie. Le premier décret fut promulgué pour la ville de Québec en 1969 et visait 1,500 travailleurs et travailleuses. Après avoir surmonté plusieurs difficultés, le décret de Montréal fut promulgué en 1975 pour ensuite inclure la région de l’Outaouais en 1991.

En 1974 Aimé Gohier, qui était alors président de la section locale 298, accéda au poste du Conseil exécutif de l’UIES suite au décès de M. Armand Jolicoeur. Lors du congrès de l’UIES de 1976, un autre épisode de l’autonomie se dessina. Après des débats houleux, une entente intervient sur la représentation au poste de vice-président de l’UIES. En effet, le poste de viceprésident canadien fût maintenu et on créa un poste de vice-président canadien francophone pour le Québec, poste occupé par Aimé Gohier. Cette preuve d’autonomie favorisa la section locale 298 qui voyait s’ajouter à ses rangs 7,000 nouveaux membres avant la fin de la décennie.

L’antisyndicalisme des gouvernements et des patrons était très présent. Il fallut mettre au point de nouvelles façons d’obtenir l’appui de la population locale lors des luttes syndicales. En 1980, 400 membres de la section locale 298 à l’emploi de l’Université McGill obtiennent l’appui du personnel enseignant et des étudiants lors du boycottage des cours, de piquetage et par des manifestations. Au bout d’une dizaine de jours, les syndiqués obtiennent leur sécurité d’emploi.

En 1982, le gouvernement péquiste décrète des réductions de salaire de l’ordre de 20% et suspend le droit de grève aux employés du secteur public. Vingt-deux mille membres de la section locale 298 se joignent aux 200,000 autres employés du secteur public dans des arrêts de travail qui aboutissent à l’adoucissement de la loi.

Création de la section locale 800 – octobre 1986

Octobre 1986 est une date importante de notre histoire. La section locale 298 qui regroupait des membres du secteur public et du secteur privé fut scindée en deux syndicats. Afin de mieux répondre aux besoins des membres, la section locale 800 obtenait de l’Union internationale des employés et employées de service sa propre Charte en octobre 1986 pour représenter principalement les travailleurs et travailleuses du secteur privé, dont les besoins spécifiques différaient de ceux du secteur public.

La section locale 800 obtenait la représentation des membres oeuvrant dans les secteurs du soutien scolaire et universitaire, dans l’entretien ménager et dans divers secteurs d’activités de l’entreprise privée, alors que la section locale 298 poursuivait son mandat pour le secteur public.

Par ailleurs, le comité paritaire de l’entretien ménager a été créé suite à des pressions de notre association pour préserver les acquis dans le secteur de l’entretien d’édifices publics et le maintien du décret de l’entretien ménager. Depuis, la section locale 800 poursuit son élan pour défendre les droits des travailleurs et travailleuses.

Aimé Gohier devint alors président de la section locale 800. L’évolution de la section locale 800 continua en 1991 avec l’arrivée de Rhéal Martin et il sera élu au conseil exécutif de l’UIES en 1992. Lors d’un colloque regroupant 165 délégués, la section locale 800 inaugura son nouveau siège social en octobre 1992. En 2000, Rhéal Martin part à la retraite et les membres élisent un nouveau président, c’est l’arrivée de Raymond Larcher. Celui-ci fait croître le syndicat de 15,000 à 20,000 membres grâce à la fusion du syndicat de vêtement et textile « UTIS » avec LUES 800. L’union est également passée à 5 divisions; soit Soutien éducation, Entretien ménager, Industries, Services-commerces-institutions financières-transport et vêtements-hôtellerie-textile. Au sein de L’UES 800, les femmes et les jeunes occupent une place importante, de même que l’éducation. En juillet 2021, Raymond Larcher quitte pour la retraite et c’est Cristina Cabral qui est élue présidente de l’UES. Il s’agit de la première femme à la tête de l’UES. Madame Cabral siège également à titre de membre du Conseil exécutif de l’UIES.

À la fin des années 1990, les sections locales canadiennes de l’UIES conviennent d’acquérir plus d’autonomie et créent le Conseil canadien de l’UIES, lors d’un congrès de fondations tenu à Montréal en 2001. En outre, depuis le début des années 70 la section locale 298 du Québec a revendiqué et obtenu sans cesse plus d’autonomie et depuis 1986, les sections locales 298 et 800 ont maintenu leurs efforts conjointement dans le même sens. En 2003, elles ont ainsi obtenu la gestion complète de toutes les sommes consacrées aux divers services rendus par l’UIES à ses sections locales et qui leur étaient destinées.

Pour mieux servir les intérêts des membres, les structures de l’UNION DES EMPLOYÉS ET EMPLOYÉES DE SERVICE, SECTION LOCALE 800 sont de type national.