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Un chantier essentiel sur le travail migrant 

27 mai 2025

Réflexion, solidarité et engagement syndical pour des droits égaux

Le Canada aime se présenter comme une terre d’accueil. Pourtant, derrière les slogans et les statistiques, une autre réalité se dessine pour des milliers de personnes migrantes venues travailler dans nos champs, nos usines, nos cuisines ou nos hôpitaux. Des travailleuses et travailleurs essentiels, mais souvent traités comme des citoyens de seconde zone.

C’est pour mettre en lumière ces réalités et outiller le mouvement syndical à mieux y répondre qu’avait lieu récemment le Chantier de réflexion sur le travail migrant, une journée et demie de réflexion organisée par la FTQ. Une délégation de Union des employés et employées de service, section locale 800 (UES 800) y a participé activement, confirmant notre engagement à bien représenter nos membres, incluant de nombreux travailleurs migrants.

« À l’UES 800, un travailleur est un travailleur. Quand on se concentre sur les conditions de travail, il n’y a aucune raison pour que ces employés soient traités comme des travailleurs de seconde classe. »

Marie Deschênes, vice-présidente exécutive, UES 800

Des droits théoriques, une précarité bien réelle

Au fil des présentations et des échanges, un constat s’impose : les politiques migratoires canadiennes fabriquent volontairement de la précarité. Qu’ils soient travailleurs étrangers temporaires, demandeurs d’asile ou sans statut, ces travailleuses et travailleurs ont en commun une chose : leur vulnérabilité structurelle.

Et la tendance est à la hausse. Le nombre de personnes ayant un statut migratoire temporaire a explosé au cours des dernières années passant de 132,105 en 2019 à 215,665 en 2023, une augmentation de plus de 60% en cinq ans. Cette évolution transforme le marché du travail et soulève des enjeux urgents en matière d’inclusion, de syndicalisation et de justice sociale.

Particulièrement quand ils sont liés à leur employeur par un permis de travail fermé, privés de services publics ou menacés de renvoi en cas de plainte, ces personnes vivent et travaillent dans la peur constante. Une peur qui les empêche souvent de s’organiser syndicalement ou de faire valoir leurs droits les plus fondamentaux.

Mieux accueillir, mieux intégrer

Mais tout n’est pas figé. Les discussions ont aussi mis de l’avant des pistes d’action concrètes, notamment du côté des employeurs et des syndicats. Car offrir un soutien adapté, c’est aussi assurer une meilleure intégration, une plus grande stabilité au travail et des milieux plus humains.

« Il ne faut pas oublier que les travailleurs migrants ont des situations particulières. En plus de leur rôle de travailleurs et de parents, ils assument souvent un soutien financier envers leur famille restée dans leur pays d’origine. Avec un appui spécifique à leurs besoins, les employeurs auront des employés mieux intégrés, mieux outillés à participer pleinement en tant que travailleurs. »

Judith Giguère, directrice au développement, Formation de base pour le développement de la main-d’œuvre (FBDM)

Une solidarité syndicale à élargir

Pour l’UES 800, cette formation confirme que la solidarité syndicale ne peut s’arrêter aux frontières du statut migratoire. Elle doit s’étendre à toutes celles et tous ceux qui, jour après jour, participent à bâtir notre économie dans l’ombre. Il nous revient, comme syndicat, de les accompagner, de les défendre, et de revendiquer des politiques qui reconnaissent pleinement leur humanité et leur apport.

Cela continue d’affirmer également l’importance du travail de francisation mené à l’UES 800, qui vise à réduire les barrières linguistiques et à briser l’isolement de travailleuses et travailleurs souvent éloignés de leurs repères culturels et familiaux. Offrir un accès à la langue, c’est aussi offrir un accès aux droits, à la dignité et à la pleine participation syndicale.

Ce chantier est loin d’être terminé, mais il est plus que jamais nécessaire.