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Assouplir l’assurance-emploi : une nécessité pour protéger tous les travailleurs

27 mars 2025

Depuis plusieurs mois, l’Union des employés et employées de service, section locale 800 (UES 800), reçoit de plus en plus de témoignages de travailleurs se voyant refuser l’accès aux prestations d’assurance-emploi. Cette situation préoccupante met en lumière les lacunes d’un système qui, bien qu’essentiel, demeure inadapté aux réalités des travailleurs précaires.

Une avancée temporaire, mais significative

L’UES 800 salue la décision du gouvernement fédéral de suspendre temporairement le délai de carence à l’assurance-emploi. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 30 mars 2025 pour une durée de six mois, permettra aux travailleurs mis à pied de recevoir des prestations dès le premier jour suivant leur perte d’emploi, sans être pénalisés par les indemnités de vacances ou de séparation.

Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, dans un contexte d’incertitude économique accentuée par la crise des tarifs imposés par les États-Unis. Pour la présidente de la FTQ, Magali Picard, « même s’il est limité dans le temps, Ottawa fait preuve d’ouverture dans le contexte économique actuel. »

Un système encore inéquitable pour les plus vulnérables

Malgré cette avancée, les règles d’admissibilité à l’assurance-emploi restent difficilement atteignables pour les travailleurs occupant des postes précaires, avec des horaires variables ou des contrats temporaires. Ce sont pourtant ceux qui auraient le plus besoin de ce filet de sécurité. Trop souvent, ces travailleurs sont laissés pour compte par un régime qui favorise les emplois stables et à temps plein.

Comme le rappelle José Bazin, représentant syndical à l’UES 800 : « Les assouplissements apportés à l’assurance-emploi durant la pandémie de COVID-19 avaient démontré qu’un système plus accessible et inclusif est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour l’ensemble des travailleurs et de l’économie. »

Un appel à pérenniser et bonifier les mesures

L’UES 800 demande au gouvernement de ne pas s’arrêter là. Il faut aller au-delà des mesures d’urgence et instaurer des réformes structurelles durables. Nous revendiquons le maintien des conditions assouplies mises en place durant la pandémie, ainsi qu’un seuil minimal de 500 $ par semaine pour les prestations. Actuellement, 55 % du salaire minimum ne suffit pas à couvrir les besoins de base, surtout dans un contexte d’inflation et de précarité croissante.

« Il est impératif que l’assurance-emploi soit un véritable filet de sécurité et non un privilège réservé à une partie des travailleurs », souligne la direction de l’UES 800. « Un revenu minimal garanti permettrait de protéger ceux qui, déjà en situation de précarité, ne peuvent absorber une baisse de revenus aussi drastique. »

Un enjeu d’égalité et de justice sociale

Ce sont principalement des femmes, et en particulier des femmes issues de la diversité, qui occupent ces emplois précaires. Les exclure d’un soutien minimal, c’est accentuer leur appauvrissement et celui de leurs familles. Ce n’est pas seulement une question économique, c’est un enjeu de justice sociale.

Pour un filet social solide et pérenne

Dans un contexte où le filet social est constamment mis à mal, il est plus que jamais nécessaire de défendre des mesures structurantes. L’assurance-emploi doit être repensée pour répondre aux réalités des travailleurs d’aujourd’hui. L’UES 800 réaffirme son engagement à défendre un régime d’assurance-emploi plus juste, plus inclusif et plus humain.

Nous continuerons à porter la voix de nos membres et à revendiquer des réformes durables, pour garantir un avenir digne à tous les travailleurs et travailleuses.