Communiqué de presse
Congrès UES 800 : Discours du président

7 octobre 2015

Bonjour à tous et toutes et encore une fois bienvenue à votre congrès.

Notre syndicat l’union des employés de service section locale 800 représente aujourd’hui 20,000 travailleurs et travailleuses regroupés dans cinq divisions. Nos membres œuvrent dans différents secteurs économiques tels le transport, l’hôtellerie, le vêtement, le soutien scolaire, l’entretien ménager, le service alimentaire, le plastique, le manufacturier, le secteur financier et bien d’autres.

Je suis fier d’être votre président depuis les 15 dernières années durant lesquelles tous ensemble nous avons accompli des actions pour nos membres.

Que ce soit par la formation syndicale, la santé-sécurité, le comité femme en action, la négociation collective, la défense de nos membres, la francisation et autres (J’arrête ici parce que demain les vice-présidents vont produire leurs rapports et vous aller en savoir plus) : l’UES section locale 800 est un syndicat efficace et respecté. Avec le local 298, nous sommes le 4e syndicat en importance à la FTQ et une section locale importante au sein de notre branche internationale l’UIES qui représente 2 millions de travailleurs au Canada, aux États-Unis et à Puerto Rico.

Nous sommes un syndicat en croissance. Les travailleurs et les travailleuses qui se syndiquent avec nous ne choisissent pas au hasard et ils sont nombreux à choisir le 800. (+ ou – 300 par année)

Notre croissance est le résultat de nos efforts de recrutement, mais aussi grâce à la fusion avec UTIS. Ce syndicat en se fusionnant avec le 800 n’a pas uniquement apporté plus de 3000 membres, mais également une expérience profitable pour tous. Le secteur du vêtement est arrivé au 800 avec des conventions collectives impressionnantes. Ils ont su négocier un fonds de retraite et assurances collectives payé par les employeurs en plus du placement syndical. Cette fusion qui, lors de notre dernier Congrès, était toute récente est aujourd’hui complétée et c’est un succès pour tous. Merci à tous ceux qui y ont contribué.

Je veux saluer nos délégués du secteur public qui sont les principales victimes de l’austérité et qui négocient actuellement avec le Front commun pour le renouvellement de leur convention collective. Non seulement luttent-ils pour des augmentations de salaire légitimes (actuellement ils accusent un retard de 8.3 % par rapport aux autres salariés québécois. Écart qui se situait à 2.9 % il y a à peine 6 ans), mais aussi pour leur fonds de pension. Je trouve ça scandaleux de changer les règles d’admissibilité à la retraite en augmentant l’âge de celle-ci. D’abord leur Fonds de retraite est en santé (car capitalisé à 98.4 %). On ne parle pas ici de fonds en difficulté.

C’est vrai que la crise de 2008 a été difficile pour les caisses de retraite, mais il y en a qui se sont refaites depuis. Vous savez les travailleurs du secteur public contribuent à 50 % tout comme le gouvernement. Ça n’existe pas des gras dur dans le soutien scolaire. C’est honteux que des députés et ministres qui ont leur pleine retraite après deux mandats donc 8 ans se permettent de faire ça. Harper a fait pareil au fédéral, si tu es né après 1959 tu dois attendre deux ans de plus donc à 67 ans pour retirer une rente. Dans le secteur public, il pourrait y avoir des pénalités de 28 % si Couillard va de l’avant.

Il faut soutenir le Front commun (en participant à la manifestation qui aura lieu le 3 octobre prochain), car vous savez très bien que le secteur privé va par la suite nous chanter le même refrain. Bravo au comité de négociation pour son travail.
On a tellement martelé dans l’esprit général que les caisses de retraite sont trop généreuses avec la loi Labeaume que le gouvernement se dit pourquoi pas nous. Labeaume déclarait ne pas avoir d’argent pour la caisse de retraite des employés municipaux, mais pour le centre Vidéotron. Et l’État aussi d’ailleurs y a contribué. Oui, mais Raymond c’est un investissement! Ce à quoi je réponds que les travailleurs du secteur public également. Investir dans la santé et l’éducation, c’est aussi primordial.
Nous avons une population vieillissante qui demandera des services et des jeunes à former pour combler les besoins du marché de l’emploi. Une étude faite par l’Organisation Internationale du Travail OIT démontre que les emplois de demain se trouveront dans le secteur des services à la personne de même que des emplois qualifiés pour répondre à l’ère numérique. Il y a un manque de vision chez nos dirigeants politiques.

Je voudrais vous dire un mot concernant les décrets de l’entretien ménager menacés d’abolition à la suite des demandes de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes. Selon la Fédération les décrets qui déterminent le salaire minimum d’une industrie nuisent à la concurrence.

Alors que c’est justement le contraire, car notre syndicat négocie un salaire juste qui devient celui de l’industrie pour que justement les contrats d’entretien ménager ne se négocient pas sur le dos des préposés à l’entretien, mais plutôt sur le nombre d’heures selon la superficie. La loi des décrets existe depuis les années 40 et est appliquée dans plusieurs industries comme la sécurité, l’entretien, le recyclage et les garages automobiles. Tant les syndicats que les employeurs concernés désirent le maintien de cette loi. Nous avons dû être sur la ligne de front pour faire reculer les opposants et à ce jour nous avons réussi. Bravo aux dirigeants de la division entretien ménager et ils peuvent compter sur le 800.

Tantôt vous avez entendu le Président Boyer parler de l’austérité qui sévit au Québec ainsi que la consœur Picard qui nous a parlé des attaques de Harper contre les travailleurs et travailleuses de la fonction publique fédérale et de l’ensemble des syndicats canadiens. Je vous confirme que l’UES 800 soutient intégralement leurs propos et que nous nous devons d’agir.

Notre thématique de Congrès n’est pas le fruit du hasard «Vers un monde plus juste». C’est l’orientation du mouvement syndical. Chaque syndicat est engagé avec les membres de la société civile dans une lutte que je qualifie de lutte des classes. Quelque chose dont on entendait beaucoup parler au début du 20e siècle lors de la révolution industrielle. Mais aujourd’hui en 2015 c’est une réalité.

Quand 1 % de la population possède la richesse que reste-t-il au 99 % restant ? Pas étonnant que l’on parle d’iniquité. Il nous faut une société juste.

Nous allons vous soumettre demain des résolutions d’orientation qui concernent nos 6 sous thèmes soit la justice sociale, l’égalité hommes/femmes, la redistribution de la richesse, la bonification des régimes de retraite, le maintien des programmes sociaux et enfin la liberté d’association. Je vous demande donc de les considérer sérieusement afin que notre syndicat puisse adopter pour les prochaines années une approche stratégique.

Ce qui se passe au Québec et au Canada n’est pas unique. Ailleurs dans le monde d’autres gouvernements sabrent dans les services publics et attaquent les syndicats.

Pourquoi?

Cela s’appelle : le Néo-Libéralisme

Que l’on le définit ainsi : prône la déréglementation des marchés et la disparition progressive du secteur public au profit du privé.
Prenons comme exemple les accords de libre Échange, dont un avec l’Europe et un autre avec les pays asiatiques. Ces accords négociés en secret permettront que des contrats soient donnés selon le libre marché de la concurrence. Oubliez l’idée de favoriser les entreprises locales pour créer de l’emploi chez nous.

Rappelez-vous par exemple les voitures du métro de Montréal octroyé finalement en partie à une multinationale installée au Brésil et à Bombardier, c’est certain que c’est de l’ouvrage perdu ici. Pourtant au départ le gouvernement avait choisi Bombardier pour l’entièreté du contrat, mais la multinationale Brésilienne a contesté invoquant que c’était à l’encontre d’accord commerciaux. Donc ce ne sera plus notre gouvernement qui décidera, mais les accords commerciaux entre les multinationales et les États qu’elles contrôlent.

Le capital est nomade et fixe les règles et ceux qui vont le mieux s’en sortir seront les États qui sauront attirer chez eux les multinationales. Pour cela le gouvernement ou l’État en question doit offrir des allègements fiscaux ou de l’énergie à rabais.
Cela a comme conséquence que notre gouvernement doit couper dans les services publics parce qu’ils se privent de revenu en ne taxant pas adéquatement les entreprises.

Et si la fiscalité ou autres bonbons ne suffisent pas, les multinationales vont exiger une main-d’oeuvre bon marché pour maximiser leurs profits. Donc si une entreprise doit choisir entre deux états le gagnant sera le pays qui protège le moins les travailleurs.
Il n’y a alors qu’un pas à franchir pour comprendre pourquoi on cherche à affaiblir les syndicats partout dans le monde.
Ne soyons donc pas étonnés que l’incapacité de nos chers gouvernements à intervenir pour le compte des travailleurs et une adhésion du politique à la flexibilité des marchés du travail se traduisent par un désenchantement et un manque de mobilisation des travailleurs. Combien de fois entendons-nous ça au Québec lorsqu’on parle de politique : «qu’est-ce que tu veux qu’on fasse» ou «pas le choix!»

Cela ne s’arrange guère lorsque le gouvernement permet au secteur privé de concurrencer les organismes publics et les entreprises d’État. La raison souvent invoquée est les gains d’efficacité que permet la concurrence. C’est facile à invoquer que dans le secteur de la santé ça ne fonctionne pas bien et que la solution c’est le privé. C’est certain que si on coupe dans le personnel et les services on en vient à cette conclusion. Le même scénario se produit en éducation dans le but que les parents choisissent l’école privée. (Privée mon œil quand on sait que ces écoles reçoivent des subventions) Pourtant, on pourrait faire le contraire et investir.

Ce n’est pas une question d’argent, mais de choix. Il suffit de taxer les entreprises et les banques à même leurs profits.
La révision de notre régime fiscal, par une imposition plus juste des grandes entreprises et des banques, serait beaucoup plus efficace pour maintenir le filet social actuel et même l’améliorer que l’austérité sur le dos des contribuables.

Actuellement les grandes institutions financières continuent à payer le moins d’impôt possible et redistribuent à leurs dirigeants, leurs cadres et leurs actionnaires une part toujours plus importante de profits, toujours plus scandaleux.

Si on augmentait l’impôt provincial des entreprises de 11.9 % actuellement à 15 % en excluant les PME c’est 1.22 milliard de revenu de plus. Je vous réfère à 10 milliards de solution et vous allez constater que l’austérité n’est pas nécessaire.
Mais tant et aussi longtemps que nos dirigeants politiques agiront dans l’intérêt corporatif au lieu de celui du citoyen nous n’aurons pas un monde plus juste.

La situation à laquelle les travailleurs et leurs syndicats sont confrontés actuellement appelle le mouvement syndical à une réaction rapide. Une réflexion qui tranche avec le passé s’impose parce que faute d’une mobilisation pour un changement politique et économique en profondeur, les syndicats devront lutter pour leur survie. On doit agir, car les petits changements ne sont plus de mises, il faut de grands changements.

En 2009-2010 cela semblait impossible, mais depuis 2012 les gens relèvent la tête et voient la réalité et que le changement est possible. Rappelez-vous les mouvements mondiaux du printemps arabe et au Québec le printemps érable des étudiants. Des gouvernements sont tombés et chez nous cela a coûté le pouvoir à Charest. Ce n’est pas un hasard si Couillard n’a pas haussé les frais de scolarité dans ses mesures d’austérité. C’est plutôt le résultat de la lutte des carrés rouges connue mondialement.
Dans le passé, le mouvement syndical a su combattre des adversaires coriaces et nous sommes toujours et encore le plus grand rassemblement de travailleurs jouissant d’une influence politique.

Notre syndicat international l’UIES s’est penché sur les solutions et adaptations nécessaires pour notre syndicat. L’UIES américain vit depuis plusieurs années l’austérité et le «right to Work» visant à détruire les syndicats. Nos politiciens canadiens font du copier-coller sur les USA. L’UIES participe également aux discussions syndicales mondiales et il y a consensus.
Le mouvement syndical doit transformer le concept de gouvernement afin d’aboutir à l’égalité réelle et à la possibilité des travailleurs d’avoir une voix. Notre démocratie doit refléter les intérêts de tous et toutes. Les corporations ne doivent pas contrôler le gouvernement, mais plutôt le contraire.

Il nous faut donc utiliser la formation syndicale et les réseaux sociaux pour faire prendre conscience à nos membres de la nécessité de l’action politique. Mettre en place des gouvernements qui respectent leurs engagements qui doivent adopter des politiques concrètes pour assurer à nous et nos enfants un monde plus juste.

Lorsque j’étais jeune, mon père me disait qu’il fallait voter du bon bord. Je vous suggère donc, le 19 octobre prochain, de voter du bon bord! Le bord des travailleurs et travailleuses.

Je veux de plus profiter de ce moment pour remercier notre équipe de représentants et représentantes et nos employés de bureau qui accomplissent un travail formidable.