Bulletin aux membres
Budget fédéral 2025 : entre prudence économique et angles morts sociaux
5 novembre 2025
Le gouvernement fédéral a présenté hier un budget 2025 misant sur la stabilité et la rigueur financière. Dans un contexte de ralentissement économique et de coût de la vie toujours élevé, le ministre des Finances a choisi la prudence : réduire la dette, freiner la croissance des dépenses publiques et investir dans des secteurs jugés prioritaires comme la santé, le logement et les infrastructures. S’il contient plusieurs mesures positives, ce budget laisse aussi planer des inquiétudes sur certains enjeux qui touchent directement les travailleuses et travailleurs.
Immigration et main-d’œuvre
Le gouvernement prévoit réduire le nombre de travailleurs étrangers temporaires, passant de plus de 670 000 en 2025 à environ 370 000 d’ici 2027. Cette décision vise à diminuer la pression sur le logement et les services publics, mais elle pourrait accentuer la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs essentiels comme l’entretien, la restauration et l’hôtellerie, où œuvrent de nombreux membres de l’UES800. Il faudra trouver un équilibre entre la gestion responsable des flux migratoires et la réalité des besoins sur le terrain.
Reconnaissance des compétences
Un fonds de 97 millions de dollars est prévu pour accélérer la reconnaissance des diplômes et titres de compétences étrangers, en collaboration avec les provinces et territoires. Ce fonds d’action visera en priorité les domaines en pénurie de main-d’œuvre, notamment la santé et la construction. C’est une mesure encourageante, qui pourrait faciliter l’intégration professionnelle de nombreuses personnes immigrantes. Toutefois, son impact restera limité si elle n’est pas élargie à d’autres métiers où la reconnaissance des acquis demeure un frein à l’emploi.
Protection du revenu et soutien aux travailleurs
Malgré les appels répétés du milieu syndical, aucune réforme majeure de l’assurance-emploi n’a été annoncée. Dans un contexte d’incertitude économique, cette absence de mesures plus structurantes laisse plusieurs travailleurs vulnérables en cas de perte d’emploi.
Rappelons qu’actuellement seulement 40 % des chômeurs réussissent à se qualifier à l’assurance-emploi.
Le gouvernement a toutefois annoncé plus tôt cet automne le maintien de deux mesures temporaires d’assurance-emploi, qui devaient prendre fin en octobre, et qui seront finalement prolongées jusqu’au 11 avril 2026 :
- Suppression du délai de carence : les personnes admissibles recevront leurs prestations dès la première semaine, sans période d’attente
- Accès aux prestations malgré les indemnités de départ : les travailleuses et travailleurs pourront toucher l’assurance-emploi sans avoir à épuiser au préalable leurs indemnités de fin d’emploi
Ces mesures représentent un soutien concret pour des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs touchés par la conjoncture. Mais rappelons-le : elles demeurent temporaires, et plusieurs groupes réclament d’ailleurs de les pérenniser dans le cadre d’une réforme en profondeur du régime.
Par ailleurs, le budget 2025 prévoit de nouveaux investissements en formation continue et en transition vers des emplois durables, un pas dans la bonne direction pour mieux outiller la main-d’œuvre face aux changements du marché du travail. Par exemple, des fonds importants sont alloués à la requalification de travailleurs affectés par les bouleversements commerciaux, à la création d’une plateforme nationale de formation en ligne et au soutien d’alliances pour la main-d’œuvre réunissant employeurs, syndicats et groupes industriels. Ces initiatives visent à aider les entreprises et les employés à s’adapter aux secteurs en transformation et à coordonner les investissements publics et privés dans le développement des compétences.
En conclusion
Ce budget témoigne d’une volonté de stabilité et d’une gestion prudente des finances publiques. Il contient des mesures porteuses pour certains secteurs, mais laisse de côté des enjeux sociaux de première importance. À l’UES800, nous continuerons de suivre de près les retombées de ces décisions, en portant la voix de nos membres sur les questions d’emploi, de reconnaissance des compétences et de sécurité du revenu.